Les icônes ne sont pas des « créations » au sens propre du terme, comme nous aurions tendance à l’interpréter, mais des œuvres inspirées. Evidemment, toute œuvre créée tend à être une œuvre inspirée, pourtant l’icône n’est pas une œuvre inspirée par l’inspiration humaine (tant psychique, psychologique, artistique, émotionnelle, intellectuelle, culturelle, nationale etc..) mais par l’action de l’Esprit Saint. Cela sous-entend une disposition intérieure qui se cultive par l’ascèse afin de se libérer de l’étreinte du pouvoir de la possession de nos passions. Cela est un combat régulier, intense et mortifère qui nous permet de ne pas livrer la représentation d’une humanité morte et divisée mais celle d’une humanité transfigurée et ressuscitée. Evidemment, de nombreuses icônes ne sont que des piètres témoignages de cette réalité, déformées qu’elles sont par l’asservissement aux passions de ceux qui les peignent. C’est pourquoi il est plus simple de « recopier » une icône (afin de ne pas se divulguer dans sa propre nudité intérieure) que de « créer » une icône.
Dans notre atelier, malgré nos faiblesses et nos manquements, nous tendons à exprimer un témoignage contemporain de l’icône (sans nous éloigner de la tradition mais sans non plus nous enfermer dedans).
Par exemple, ce dessin d’étude de l’icône de la Résurrection, réalisé par une de nos élèves, a été le sujet d’une drôle d’histoire. Une icône avait déjà été peinte d’après le premier modèle d’étude.
étude pour la première icône
Une autre personne a commandé une autre icône en lien avec cette première composition mais plus petite.
Nous savons que chaque icône est un sujet unique et qu’il ne faut jamais reproduire une icône pour la « commercialiser ». Chaque icône s’adresse dans sa réalisation à la personne concernée et elle se révélera toujours différentes et unique. Jamais deux icônes ne peuvent être peintes de la même façon (de la même manière que chaque personne est à la fois semblable et toujours différente). c’est la différence entre « communauté chrétienne » et « communauté communiste ».
Nous avons regardé ce dessin pendant le cours et je lui ai dit que la position des jambes d’Adam de la première composition pouvait être changé (je ne savais pas pourquoi) Elle réalisa alors une autre étude dans laquelle la position des jambes part en arrière. Nous avons constaté qu’Adam semblait ne pas avoir de force dans les jambes et que quelque chose n’allait pas. C’est à ce moment qu’elle m’annonça que la personne qui commandait l’icône n’avait jamais eu l’usage de ses jambes. Nous comprîmes que cette position désarticulée du bassin d’Adam correspondait exactement à l’identité de la personne qui avait commandé cette icône.
étude de la deuxième icône