Conférence sur le père Couturier

Conférence œcuménisme

Résumé d’Elisabeth Hinsinger (groupe Lyon/Vercors)

Jeudi 28 septembre 2023, conférence d’Anne-Noëlle Clément L’abbé Paul Couturier et l’Unité chrétienne À l’Antiquaille, espace culturel qui expose les principales étapes de l’histoire du Christianisme à Lyon et en Gaule et son développement jusqu’au XVIe siècle (catholicisme, orthodoxie et protestantisme). Espace conçu par une équipe interconfessionnelle. www.antiquaille.fr

L’abbé Paul Couturier est né à Lyon en 1881. Il a été ordonné prêtre catholique romain en 1906 et a été professeur de sciences à l’institut des Chartreux de 1907 à 1946. Il est décédé en 1953, il y a donc 70 ans. Il a été le promoteur et le refondateur de la Semaine annuelle internationale de prière pour l’Unité chrétienne. 1. Le contexte Le contexte religieux européen du début du XXe siècle était une tendance au rapprochement entre les Églises chrétiennes, à l’exception de l’Église catholique romaine qui était dans une théologie du « retour » : « retour des dissidents à la seule véritable Église du Christ, puisqu’ils ont eu jadis le malheur de s’en séparer. » encyclique Mortalium Animos 1928. D’un côté, des rapprochements, hors église catholique romaine : 1910 conférence d’Edimbourg entre Anglicans et Protestants en concurrence sur les missions, qui réfléchissent à comment faire mission et unité des Chrétiens. Après la Première Guerre Mondiale (1914-1918), où des Chrétiens européens se sont entretués, 1925 à Stockholm, création de Life and Work (Vie et activité) « si la doctrine divise, l’action unit. » pour un rapprochement par le christianisme pratique. 1927 à Lausanne, création de Faith an Order (Foi et constitution) pour un travail théologique de rapprochement Après la deuxième guerre mondiale (1939-1945), la fusion de ces deux entités amène à la création en 1948 du Conseil Oecuménique des Églises ( qui existe toujours) dans lequel Foi et Constitution est conservé sous forme de commission théologique. Du côté catholique romain, on considère qu’une seule voie d’unité est possible, le « retour » : Encyclique du pape Pie XI, 1928 Mortalium animos : « retour » des dissidents à la seule véritable église du Christ, celle de Rome. « Or, dans cette unique Eglise du Christ, personne ne se trouve, personne ne demeure, si, par son obéissance, il ne reconnaît et n’accepte l’autorité et le pouvoir de Pierre et de ses légitimes successeurs. (…) Que les fils dissidents reviennent donc au Siège Apostolique, établi en cette ville que les princes des Apôtres, Pierre et Paul, ont consacrée de leur sang, au Siège ‘racine et mère de l’Eglise catholique’. Toute forme de participation de Catholiques romains à des rassemblements ou groupes de réflexion formés par des Chrétiens séparés est formellement interdite. Une octave (huit jours) de prière pour l’Unité a bien été créée en 1908 et est priée tous les ans du 18 janvier au 25 janvier mais on y prie pour la conversion des « séparés », pour leur « retour ». On visait l’union par l’absorption. Il y a eu des exceptions catholiques individuelles où un rapprochement a été vécu sans chercher à convertir l’autre : • Entre 1921 et 1926, Conversations de Malines-Bruxelles entre Catholiques et Anglicans grâce à la grande amitié de deux hommes, le père Fernand Portal et lord Halifax. • En 1925 création du monastère catholique romain de l’Union par dom Lambert Beauduin à Amay puis Chevetogne en Belgique avec deux rites liturgiques : romain et byzantin ; • Et en 1926 Dom Beauduin fonde la revue Irenikon. • Le père Paul Couturier qui reprend pour la vivre à Lyon, l’idée d’une Octave de prière pour l’Unité et la transforme petit à petit, au fur et à mesure de sa propre évolution en Semaine pour l’Unité chrétienne « telle que le Christ la veut », avec prières et conférences. Prières pour la sanctification de tous (de tous les Chrétiens de toutes les églises, et de tous les non- Chrétiens.)

2. Chronologie et œuvres fondées : En 1922, le père Couturier participe à l’accueil des réfugiés politiques russes à Lyon. Une chapelle, la chapelle St Irénée est installée et servie par un prêtre « uni » (rattaché à Rome) de rite slave. (Cette chapelle devenue paroisse a fusionné avec une paroisse grecque catholique. C’est la Paroisse catholique de rite byzantin francophone St Irénée, le recteur actuel est le père Emmanuel Fritsch. Le groupe d’icônes de l’atelier de Lyon se réunit dans leur église. ) En 1932, à 51 ans, le père Couturier va faire une retraite d’une semaine chez les moines de l’Union à Amay sur Meuse en Belgique. Il y découvre l’Octave de prière. Et il devient oblat du monastère (engagement à vivre dans le monde selon les règles du monastère tout en étant porté par l’accompagnement spirituel de celui-ci) En 1933, il organise à Lyon un Triduum pour « le retour des Chrétiens séparés à l’Unité de l’église ». En 1934, il organise à Lyon l’ Octave solennelle de prière et sollicite la participation de monastères dont des monastères anglicans à la semaine de prière. (idée du monastère invisible qui unit tous ceux qui ressentent la douleur des séparations et prient pour l’Unité). Il rencontre monseigneur Euloge, le fondateur de l’Institut orthodoxe St Serge. En 1935, celui -ci autorise des Orthodoxes à participer à l’Octave de prière pour l’unité des Chrétiens à la Primatiale de Lyon. En 1936, la semaine est appelée Semaine pour l’Unité chrétienne « telle que le Christ la veut ». Les mots sont importants. Ils montrent une intention de prière devenue différente de celle des origines : Unité chrétienne et pas unité des Chrétiens, cela signifie élargir l’Unité à l’Unité de toute l’humanité par le Christ dans le grand dessein rassembleur de Dieu. « Tout ramener au Père par le Christ, l’Envoyé du Père ». Unité « telle que le Christ la veut », pas telle que les uns ou les autres la veulent. En 1937, il fonde le groupe des Dombes. Groupe de recherche et de dialogue théologique porté par la prière commune et la vie fraternelle lors des sessions. 40 membres cooptés, 20 catholiques et 20 protestants. Ce groupe est toujours actif : ils se réunissent et publient régulièrement leurs travaux. Depuis 1991, prière pour la « conversion des églises, conversion des identités ». Distinction entre identité chrétienne (mon appartenance personnelle au Christ) et identité confessionnelle (mon appartenance à une église ayant une expression confessionnelle). Ces deux identités étant toutes les deux appelées à se convertir pour se purifier. En 1940, il rencontre Roger Shutz et Max Thurian à Taizé, et Marguerite de Beaumont à Grandchamp. En 1946, il propose une nouvelle série d’intentions de prières pour la Semaine de prière, basées sur la sanctification de toutes les églises : « Unité de tous les Chrétiens dans la Charité et la Vérité du Christ » En 1954, un an après sa mort, il est créé à Lyon un centre oecuménique Unité Chrétienne pour poursuivre son œuvre. (Toujours actif : travail théologique en lien avec la faculté théologique catholique de Lyon, édition de la collection « Unité Chrétienne », voyages oecuméniques… www.unitechretienne.org ) En 1958, le matériel de la Semaine de prière pour l’Unité est préparée par Unité Chrétienne et Foi et Constitution du Conseil Oecuménique des Églises (duquel Rome n’est pas membre). En 1964, lors du Concile Vatican II, l’église catholique romaine abandonne la terminologie du « retour » et valide l’ « oecuménisme spirituel » tel que l’abbé Couturier l’avait porté. En 1968, il est créé dans l’église catholique romaine, un Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des Chrétiens qui se joint depuis à la préparation de la Semaine de prière pour l’Unité.

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