Projet de l’intérieur de l’église de Notre Dame du Laus (diocèse de Gap)
Comment se situe l’art contemporain chrétien par rapport au sens du sacré ? Nous avons expérimenté un projet (à nouveau avec le cabinet d’architecte Ruddy Ricciotti) pour la construction de la nouvelle église de Notre Dame du Laus. Cette expérience nous a montré combien il était difficile de proposer une écriture nouvelle de l’architecture sacrée sans en dénaturer le contenu. L’enjeu est de taille ! Depuis le début de ce projet, en tant que chrétien et sensible au langage de l’architecture sacrée, il nous a paru indispensable de donner à l’espace une dimension circulaire.
En effet, la courbe, la voute, le cercle sont des formes qui expriment le sens de la divinité. Une civilisation dont l’architecture dépend uniquement des formes carrées, est une architecture de l’utilitaire, du pratique et de l’abnégation divine. Nous avions proposé dès le début de ce projet de prendre en considération cette réalité. Je rentrais tout juste de Jérusalem et j’étais encore ému et envahi de joie au souvenir de l’église bénédictine de la Dormition de la Vierge sur le Mont Sion. Cette église est conçue d’après la logique « illogique », c’est-à-dire qui dépasse le sens de l’humain.
La forme de la voûte nous « embrasse » littéralement. C’est une vraie expérience du dépassement de la vision humaine de la vie chrétienne : l’architecture nous élève mais sans que cela ne ressemble à une fuite (comme cela peut parfois être le cas dans l’architecture gothique) mais en nous épousant par le volume impressionnant de la courbe.
Nous sommes élevés afin de mieux nous recentrer sur le mystère de notre divino-humanité.
J’avais voulu mettre en valeur cette vérité dans le message architecturale du projet de Ruddy Ricciotti. Malheureusement, la beauté de la forme plastique du béton cellulaire dont la finition ressemble à de la porcelaine, n’a pas pu intégrer cette dimension. Le projet, magnifique par son ascèse et sa pureté, n’a pas pu se plier au service de la courbe.