Homélie du père Aimilianos

Cession de Conques

Nous avons eu la chance de passer une semaine de retraite dans les hauts-lieux spirituels de Conques en septembre. Cette semaine est nécessaire pour nous permettre de redémarrer l’année nourris de nouvelles forces spirituelles. Quelle plus grande nourriture que celle de la Présence de Dieu ? L’architecture romane est l’équivalent dans la culture occidentale de l’architecture byzantine en Orient. Elle est la continuité de la volonté de l’homme de « contenir la Présence de Dieu » dans un espace fait de mains d’homme. Cet effort artistique est celui là même que Dieu nous demande : Contenir « Sa présence » pour devenir participant à « Sa Ressemblance ».

Pour réaliser cette opération « génétique », il faut se laisser travailler par l’Esprit car c’est Lui seul qui à travers nous réalise ce miracle. Quel émerveillement et quelle joie indicible ! Quand nous rentrons dans ces espaces qui contiennent la Gloire de Dieu, nous participons « corps et âme » à cette glorification. Ainsi, le séjour dans les lieux saints est un moyen de retrouver le lien filial avec le Créateur à travers l’œuvre de l’Esprit dans le temps.

Pour approfondir cette exp2rience, nous nous sommes nourris, durant cette session, des paroles du père Aimilanos sur un thème qui est essentiel à notre époque : celui de la Joie. Nous allons suivre quelques uns des passages de son homélie que nous commentons afin de profiter de l’unité de la profondeur de la vie de prière de celui qui a tout donné pour« Le rencontrer » :

« Les saints pères disent que les paroles de Dieu »rafraichissent l’âme« , que la parole de Dieu »donne force à l’âme« , exactement comme le vin revigore le corps. Si quelqu’un s’applique à l’étude des écrits ascétiques sur la prière, et surtout s’il est attentif dans son travail, s’il se donne de la peine dans son existence et verse sa sueur, s’il n’est pas avare de ses forces, mais les dépenses volontiers dans ses devoirs quotidiens, si sa vie est ainsi une ascèse quotidienne ; c’est alors que cette ascèse et son étude aplanissent le terrain et rendent son âme capable de s’élever vers le ciel. C’est alors qu’on peut prier avec le »Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi, pêcheur«  : certains avec leurs bouches, d’autres avec leurs intelligences, d’autres en plaçant leurs intelligences dans leurs cœurs. D’autres enfin sont visités par la grâce divine et leurs intelligence soudain illuminées crient d’elles-mêmes et rencontrent Dieu. »

Nous avons la particularité, dans notre atelier, de transmettre la technique de l’icône avec une certaine ascèse. En effet, nous considérons, comme le fait remarquer le père Aimilianos, qu’il faut aider l’âme à s’élever. Il est impossible d’envisager l’apprentissage de cet art en le ramenant à ce que nous sommes. Nous devons, par la pratique de la prière du cœur et l’ascèse, tendre toujours vers ce que nous ne sommes pas mais sommes appelés à devenir : des « dieux ». Ainsi le labeur de la prière, des « pleins et des déliés » que nous exécutons, nous pétrit de Sa Présence qui nous rend capable de représenter Son Image. Il est impossible de peindre des icônes dîtes « contemporaines », c’est-à-dire sans qu’elles soient des copies d’icônes du passé, sans cet effort ascétique. Cette attitude est la seule qui garantisse la sauvegarde de la richesse de l’iconographie. (A suivre) Jean-Baptiste

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