Au Souffle de l’Esprit

La gelée du matin laisse pénétrer la lumière (Atelier-Vercors 2017)

« Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ».

En ce faisant Homme, Dieu a permit à la nature humaine de participer à la Nature Divine et d’être capable de recevoir dans sa chair le message du Salut. Il ne s’agit pas de seulement sanctifier la pensée de la personne humaine mais la personne dans sa totalité (corps, âme, esprit). Le Christ n’est pas venu pour apporter un message de salut, une philosophie, une pensée ou une religion : il est devenu dans sa chair le Salut. C’est pourquoi la communion au « Corps et au Sang du Christ » n’est pas un acte religieux de participation à une organisation terrestre aux principes moraux (sorte de système bureaucratique chrétien ou idéologique comme chez les francs maçons) mais une transformation de la « nature humaine » en « Nature Divine » par l’Action de l’Esprit Saint.

L’Acteur principal, dans cet événement, n’est pas, comme on aurait tendance à le penser, le Christ (qui a laissé sa « place » en livrant la vieille humanité au Père sur la Croix) mais l’Esprit Saint. Toutes les structures ecclésiales (institutionnelles, dogmatiques, canoniques, sacramentelles : Baptême, Onction, Eucharistie, Sacerdoce etc..,) n’ont de sens que parce-qu’elles sont le résultat de l’œuvre de l’Esprit Saint dans le Corps du Christ. Dans l’Eglise, il n’est pas question de « représentant du Christ » mais de « témoin par participation au Corps du Christ dans l’Esprit » au sens du mot « martyr ». La Nouvelle Humanité, créée en tant qu’ « Eglise », n’est pas née sous l’arbre de Noël mais sous les feux de la Pentecôte en entrant dans la Nouvelle Parousie qui ne nous consume pas mais nous vivifie. (cf « Le Sacrement du Royaume » « d’eau et d’Esprit » édit. Desclée de Brouwer 1987 - père Alexandre Schmemann)

La fin des temps n’est pas la mort de l’humanité en soi mais la Révélation de la puissance de l’être animé de la participation à la Nature Divine dans l’Esprit.

L’interprétation du rôle de L’Esprit Saint en Occident a eu une influence sur la notion de salut (péchés, purgatoire, enfer etc..), de vie sacramentelle (mystagogie liturgique) et dogmatique (centralisme et infaillibilité papale)

Elle a donné naissance à l’humanisme de la Renaissance qui a « infusé » l’’Esprit Saint dans « l’arianisme » de la pensée philosophique en s’attribuant l’essence même de la Source Divine de Lumière au siècle dit des« lumières ».

L’Esprit Saint s’est remis à crier vers le Père en créant le « protestantisme » qui a augmenté la notion « d’Action de l’Esprit Saint » dans la « Matière créée » (difficulté à reconnaître la maternité de la Vierge, le sacrement eucharistique, l’institution etc…) et la création plus récente des mouvements charismatiques.

La voie de l’idéal chrétien s’est répandue à l’ensemble de l’humanité (éducation, droit de l’homme, démocratie, aide sociale et humanitaire etc..) au risque de s’y dissoudre..

L’intérêt des migrations du XXe siècle (en particulier de l’émigration russe) est la rencontre de la théologie d’avant le schisme avec celle d’après le schisme. Un penseur et théologien comme Mrg Jean Kovalesvky (voir l’ouvrage qui retrace sa vie « Eugraph Kovalevsky-vie et œuvre » ) a été conscient de cette rencontre et a essayé avec les moyens de son époque (langue française, liturgie des Gaules) de replacer l’Esprit Saint au centre de la liturgie occidentale. Notre atelier,dont il est l’un des fondateurs, a été crée dans cette perspective là. Il est dommage que le renouveau actuel de l’orthodoxie russe ne suive pas ce chemin et ait tendance à se faire absorber par les « intérêts étatiques » au détriment de l’universalisme de sa foi (comme toutes les églises orthodoxes en général).

Le christianisme occidental a besoin des chrétiens d’Orient (qui sont leurs grands frères historiques Génèse 2 ;8 « Dieu planta un jardin en Eden, à l’Orient ») et un mouvement « d’aide aux chrétiens d’Occident » devrait être créé.

Nous sommes entrés dans une nouvelle aire « artificielle et virtuelle » (sous la domination de l’argent et de l’informatique comme l’incarne le nouveau président américain) qui tente de se substituer à la réalité sacramentelle de l’Esprit Saint : une nouvelle statut du veau d’or ou de Nabuchodonosor à adorer.

Le retour au source du bio-alimentaire est la preuve de ce besoin intrinsèque de l’homme (comme « image de Dieu ») de renouer avec la terre sacrée marquée du sceau de l’Esprit Saint dont il a été tiré. Génèse 2 ;7 « Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant »

Un texte (voir ci-dessous) du frère Eloi de la communauté de Taizé, ouvre une réflexion sur une perspective de « communion partagée » entre les chrétiens. Ce texte, qui a la vertu de vouloir faire « sortir » les chrétiens de leur « introvertisme » n’aborde pourtant pas la question profonde de la place de l’Esprit Saint. La primauté du siège de Rome dans l’église primitive (dont le frère Eloi fait référence) n’a de légitimité que si l’action sacramentelle charismatique de l’Esprit Saint est mise au centre de toute action ecclésiale.

Le retour à « la » Tradition« n’est pas »le droit de vote donné au mort« (comme l’a dit un jour un théologien protestant)), mais l’expression de la Glorification du Nom de Dieu par l’Esprit Saint dans le Corps historique de l’Eglise (à différencier avec le »traditionalisme" qui est la répétition d’une expression liturgique unique d’une époque donnée) En dehors de ce « placenta charismatique », nous ne ferons que recréer un nouveau projet d’action politique et sociale« à court terme » dépendant des intérêts humains (comme cela a été souvent le cas dans l’histoire) qui n’apportera que de nouvelles divisions (comme par exemple l’uniatisme). Seule l’Onction active et stimulante de l’Esprit peut garantir l’Empreinte Divine du Corps de l’Eglise et son Unité. (un moteur, aussi puissant et sophistiqué soit-il ne peut fonctionner sans huile car c’est elle qui réunit les différentes parties du moteur).

"frère Alois 2017 Appel aux responsables d’Églises pour 2017

Faisons route ensemble !

En 2017, le 500e anniversaire de la Réforme protestante offre une occasion d’avancer vers l’unité, de dépasser une simple cordialité réciproque.

Entre les Églises, comme à l’intérieur de chaque Église, il y aura toujours des différences ; elles resteront une invitation à dialoguer franchement ; elles peuvent être un enrichissement. Mais, dans toutes les Églises, l’identité confessionnelle a peu à peu été mise en premier : on se définit comme protestant, catholique ou orthodoxe. Le temps n’est-il pas venu de donner la priorité à l’identité chrétienne manifestée par le baptême ?

Une question en découle : les Églises ne devraient-elles pas oser se mettre sous un même toit sans attendre qu’un accord soit trouvé sur toutes les questions théologiques ? Ou tout au moins sous une même tente : sortir d’une conception trop statique de l’unité et trouver des moyens, des événements, même provisoires, qui déjà anticipent la joie de l’unité et font apparaître des signes visibles de l’Église de Dieu, le Corps du Christ, la Communion du Saint Esprit.

La communion entre tous ceux qui aiment le Christ ne peut s’établir que si elle respecte leur diversité ; mais elle ne peut être crédible que si elle est visible. Nous avons besoin d’un nouveau point de départ pour avancer vers une telle diversité réconciliée. Le point de départ c’est le Christ qui, lui, n’est pas divisé. « C’est par Jésus Christ seul que l’on est frère l’un pour l’autre… Par le Christ notre appartenance réciproque est réelle, intégrale et pour l’éternité. » (Dietrich Bonhoeffer)

Ainsi pourra se réaliser un échange de dons : partager avec les autres ce que nous considérons comme un don de Dieu, mais aussi accueillir les trésors que Dieu a déposés chez les autres. « Il ne s’agit pas seulement de recevoir des informations sur les autres afin de mieux les connaître, mais de recueillir ce que l’Esprit a semé en eux comme don aussi pour nous. » (Pape François)

Comment nous mettre sous un même toit ? Comment faire route ensemble ? Voici des suggestions :

Entre voisins et familles de confessions différentes, nous mettre comme en « communautés de base », prier ensemble dans l’écoute de la Parole de Dieu, le silence et la louange, nous entraider, devenir plus familiers les uns pour les autres. Que chaque communauté locale, chaque paroisse, fasse avec les chrétiens d’autres confessions tout ce qu’il est possible de faire ensemble, étude de la Bible, travail social et pastoral, catéchèse, et ne fasse plus rien sans tenir compte des autres. Que soient réunis les organismes qui font parallèlement les mêmes actions. Accomplir ensemble des gestes de solidarité, être attentifs ensemble à la misère d’autrui, aux détresses cachées, aux malheurs des migrants, à la pauvreté matérielle comme à toute autre souffrance, à la sauvegarde de l’environnement… Dans beaucoup de villes où la confiance a déjà grandi entre Églises, la cathédrale ou l’église principale pourrait-elle devenir une maison de prière commune à tous les chrétiens du lieu ? Mener le dialogue théologique en accentuant son cadre de prière commune et avec la conscience d’être déjà ensemble. En rendant plus étroite une amitié réciproque et en priant ensemble, on aborde autrement les questions théologiques. Si tous les chrétiens ont reçu une part de don pastoral pour veiller les uns sur les autres, l’Église a aussi besoin de ministères d’unité, à tous les niveaux. Un ministère de communion au niveau universel est traditionnellement associé à l’évêque de Rome. Ne serait-il pas possible que les Eglises développent des formes diverses de référence à ce ministère ? L’évêque de Rome ne pourrait-il pas être reconnu par tous comme le serviteur qui veille à la concorde de ses frères et sœurs dans leur grande variété ? Les Églises qui soulignent que l’unité de la foi et l’accord sur les ministères sont nécessaires pour recevoir ensemble la communion ne devraient-elles pas donner autant de poids à l’accord de l’amour fraternel ? Ne pourraient-elles pas offrir alors plus largement l’hospitalité eucharistique à ceux qui manifestent le désir d’unité et qui croient en la présence réelle du Christ ? L’Eucharistie n’est pas seulement le sommet de l’unité, elle en est aussi le chemin. Notre identité de chrétiens se tisse en faisant route ensemble, non pas séparément. Aurons-nous le courage de nous mettre sous un même toit, afin que la dynamique et la vérité de l’Évangile puissent se dévoiler"

Vos témoignages

  • marie luce jeanine 16 janvier 2017 19:32

    Merci JB Tu as donné des explications sur la communion auxquelles je ne m’attendais pas. Tout est à méditer. Si tu permets je vais imprimer et le faire lire aux soeurs. Bientôt semaine d’unité des chrétiens ! Merci

  • Françoise OBER 13 janvier 2017 22:22

    Merci J B Excellent, merci d’avoir cité Fr Aloïs… F.O.

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