L’icône de la Trinité de « Jeannette »

La peinture des icônes nous permet de vivre une réalité artistique eschatologique, c’est-à-dire que nous rendons présent en image une réalité qui nous dépasse et à laquelle nous participons mystérieusement et mystiquement par les sacrements. Ainsi, nous figurons en image le monde invisible à nos yeux mais pourtant parfaitement réel. Cette expression n’est qu’une forme prophétique de l’art, elle ne contient pas la divinité qu’elle révèle. Les maladresses techniques de la représentation ne remettent pas en cause la perfection du sujet représenté. Nous rendons présent la Vie au-delà de la forme, c’est pourquoi l’iconographie n’est pas concernée par les principes historiques de l’art moderne qui sont nés d’une réaction à la réduction imagée de la forme religieuse contenu dans la peinture académique occidentale. L’iconographie est moderne et réactionnaire avant l’heure.

Nous avons eu la chance de nous rencontrer pour la dernière journée de session sur l’île Ste Honorat avec le père Philippe recteur de la cathédrale de Monaco, accompagné de sa communauté. Nous avons passé une partie de la matinée à nous nourrir, par des conférences, du sens de la liturgie, véritable expérience du Royaume. Le père Abbé nous a rejoint dans l’après-midi pour nous présenter la sainteté à l’origine de la présence monastique sur l’ile de Lérins

A la fin de la journée, après la bénédiction des icônes, la communauté de Monaco a emmené pour la cathédrale, l’icône de la Trinité réalisée dans notre atelier.

L’histoire de cette icône

Anne, élève assidue de l’atelier, a commencé la réalisation d’une icône de la Trinité que sa maman Jeannette lui a demandé. Jeannette, femme pieuse, avait une idée très précise de cette représentation : elle voyait les anges en position debout. Après de nombreuses esquisses, des recherches de compositions inspirées de l’art celte breton d’où est originaire Jeannette, la composition de l’icône se mit en place. La Trinité serait inscrite dans un cercle (symbole de la perfection), au centre d’une croix, entourée des figures tétramorphes des quatre évangélistes.

Peu de temps après avoir commencé la réalisation de l’icône, Jeannette et Jean son mari, rejoignaient la demeure céleste du Père que toute leur vie durant ils avaient si souvent côtoyé. Anne, vécue ce temps de deuil et de peinture comme un accomplissement de leurs dernières volontés, comme la préparation à une rencontre qu’elle même vivait en peignant et priant pour ses parents.

De manière totalement imprévue, cette icône se retrouva à la session des îles de Lérins pour être terminée. Le 27 octobre elle ressue les dernières lumières et le 28 elle était bénite dans la chapelle de la Trinité (chapelle construite avant le schisme entre les chrétiens). Nous étions en compagnie du père Philippe de la cathédrale de Monaco et nous fêtions à cette occasion les un an de « départ physique » de Jeannette. En voyant cette icône, qui avait accomplit son temps de conception dans la prière, le père Philippe et sa communauté nous demandèrent s’il pouvait emmener cette icône dans la cathédrale de Monaco pour les accompagner durant toute cette sainte année placée sous le vocable de la Foi.

Cérémonie d’ouverture de l’année de la Foi célébrée par Mrg Barsi évêque de Monaco

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